En musique, un intervalle désigne l'écart de hauteur entre deux notes. Cet écart est :
Chaque intervalle est caractéristique d'une échelle musicale, elle-même distinctive d'un type de musique (indienne, occidentale, orientale, etc). La perception des intervalles diffère aussi selon les cultures. Il n'existe pas de système musical universel contenant tous les intervalles de toutes les échelles musicales. Seul l'intervalle entre un son et sa répétition, l'unisson, peut être considéré comme n'appartenant pas en propre à un genre musical déterminé.
Lorsqu'un système musical ne possède pas de théorisation écrite, les musicologues utilisent la terminologie du solfège comme outil de description, afin de rendre compte des intervalles et des échelles propres à ces systèmes.
En musique, une octave est l’intervalle séparant deux sons dont la fréquence fondamentale du plus aigu est le double de celle du plus grave. Divisée en plusieurs sous-intervalles, elle permet de définir les gammes.
D’un point de vue harmonique, l’octave est l’intervalle le plus consonant. Son renversement est un unisson.
En musique tonale, en musique modale, ou en musique atonale, la notion d'intervalle renvoie plus précisément à la distance entre deux degrés d'une gamme musicale.
Dans la musique classique et donc dans le système tonal, les intervalles sont nommés et théorisés par le solfège et la fonction des différents degrés dépend de l'intervalle qui sépare chacun d'eux de la tonique. Aux différents intervalles sont associés les notions de consonance et dissonance.
Les degrés de l'échelle diatonique sont séparés par des espaces conjoints (ou intervalles) inégaux, les tons et les demi-tons diatoniques.
Les intervalles séparant deux degrés de l'échelle diatonique sont toujours nommés en utilisant un nom suivi d'un qualificatif (adjectif) :
Le nom de l'intervalle est fonction de sa longueur en degrés (parfois appelée « chiffre »). De un à huit, les intervalles s'appellent:
Au-delà de l'octave, le nom de l'intervalle est l'adjectif numéral ordinal correspondant : neuvième, dixième, onzième, etc.
Ainsi, do-sol constitue une quinte car l'intervalle constitué de do, ré, mi, fa, sol est long de cinq degrés.
Jadis, le terme servant à désigner la longueur d'un intervalle servait également à désigner un degré par rapport à la tonique ou par rapport à une autre note de référence. Il est donc préférable d'indiquer la fonction des degrés, par exemple : « sol est la dominante de la gamme de do » ou « sol est le cinquième degré de la gamme de do » plutôt que « sol est la quinte de la gamme de do ». En revanche, il est correct de définir que « do-sol forme une quinte ».
Cependant, en harmonie tonale, l'habitude est conservée de désigner les notes réelles d'un accord au moyen de l'intervalle qui sépare celles-ci de la basse, ou de la fondamentale, en fonction du contexte. Par exemple : « au premier renversement, la tierce (sous entendu : de la fondamentale) va à la basse ». Et inversement, « sur ce premier renversement, la sixte (sous entendu : de la basse, cette sixte est donc la fondamentale) est au soprano ».
Les notes extrêmes d'un intervalle à chiffre pair — seconde, quarte, etc. — ont des positions différentes sur la portée : une sur la ligne, l'autre dans l'interligne ; au contraire, les notes extrêmes d'un intervalle à chiffre impair — unisson, tierce, etc. — ont des positions identiques sur la portée : soit sur deux lignes, soit dans deux interlignes.
Le nom d'un intervalle ne donne qu'une idée approximative de son étendue exacte. Par exemple, les deux intervalles de trois notes, do-mi et ré-fa, n'ont pas la même étendue — respectivement, deux tons, et un ton et demi — bien qu'englobant l'un comme l'autre, le même nombre de notes. Des qualificatifs permettent de les distinguer, il en existe cinq principaux :
Plus rarement, on rencontre les qualificatifs « suraugmenté » et « sous-diminué ».
Au sein de l'échelle diatonique naturelle, les intervalles se partagent entre deux familles :
La quarte, la quinte et l'octave peuvent recevoir la qualification de juste :
La seconde, la tierce, la sixte et la septième reçoivent les qualifications de majeure ou mineure :
Par exemple, do-ré et mi-fa sont tous deux des secondes, mais le premier est majeur car do et ré sont éloignés d'un ton, tandis que le deuxième est mineur car mi et fa sont éloignés d'un demi-ton.
Si on classe les intervalles par ordre d'étendue ascendante, pour la même longueur, l'intervalle mineur précédera l'intervalle majeur correspondant. Selon ce classement, il est possible de reconstituer tous les intervalles de l'échelle diatonique naturelle en partant de do en utilisant uniquement les intervalles majeurs ou juste (les autres sont équivalents à l'un d'eux par enharmonie).
Quelle que soit la nature de l'intervalle, il est toujours possible de le rallonger ou le raccourcir d'un ou plusieurs demi-tons par l'ajout ou le retrait d'une altération. On parle alors d'intervalle augmenté et diminué si un demi-ton chromatique a été ajouté ou soustrait, et d'intervalle suraugmenté ou sous-diminué si sa longueur a été modifiée de deux demi-tons chromatiques.
Par exemple, do-sol#, est une quinte augmentée car la distance de do à sol est égale à cinq degrés, et qu'un demi-ton a été ajouté à l'intervalle. Cet exemple permet de voir que la quinte augmentée a un nom différent mais la même sonorité (dans un système à tempérament égal) que la sixte mineure (ici do-la bémol) ; cependant, ces intervalles sont différents en musique tonale ou modale, car bien que leurs sons soient identiques, leurs fonctions ne le sont pas. Cela influe sur le sens donné au discours, et peut également influencer l'interprétation musicale.
Un intervalle simple (d'étendue inférieure à l'octave) peut être renversé par inversion de ses notes. Le renversement d'un intervalle est aussi appelé intervalle complémentaire, ou intervalle différentiel. Un intervalle ajouté à son renversement donne une octave juste. Par exemple, la quinte juste do-sol a pour renversement la quarte juste sol-do ; l'étendue de ces deux intervalles donne l'octave do-do ou sol-sol.
Un intervalle mineur renversé donne un intervalle majeur, et inversement. De même pour les altérations : un intervalle augmenté a pour renversement un intervalle diminué. Par exemple, la tierce majeure fa-la a pour renversement la sixte mineure la-fa :
La formule suivante permet de trouver le renversement d'un intervalle donné :
9 – étendue initiale = étendue du renversement
Par exemple, une septième renversée donne une seconde (9 – 7 = 2).
Intervalle | Seconde note par rapport à do | Intonation | Renversement | Commentaire | Nombre de demi-tons |
---|---|---|---|---|---|
Prime juste à l'unisson | do | consonance absolue | octave | 0 | |
Seconde diminuée | ré | 0 | |||
Prime augmentée | do | demi-ton chromatique | 1 | ||
Seconde mineure | ré | dissonance | septième | demi-ton diatonique | 1 |
Tierce sous-diminuée | mi | 1 | |||
Prime suraugmentée | do | 2 | |||
Seconde majeure | ré | dissonance | septième | ton | 2 |
Tierce diminuée | mi | 2 | |||
Seconde augmentée | ré | 3 | |||
Tierce mineure | mi | consonance douce | sixte | 3 | |
Quarte sous-diminuée | fa | 3 | |||
Seconde suraugmentée | ré | 4 | |||
Tierce majeure | mi | consonance douce | sixte | 4 | |
Quarte diminuée | fa | 4 | |||
Tierce augmentée | mi | 5 | |||
Quarte juste | fa | consonance forte | quinte | 5 | |
Quinte sous-diminuée | sol | 5 | |||
Tierce suraugmentée | mi | 6 | |||
Quarte augmentée | fa | dissonance forte | quinte diminuée | triton | 6 |
Quinte diminuée | sol | dissonance forte | quarte augmentée | triton | 6 |
Sixte sous-diminuée | la | 6 | |||
Quarte suraugmentée | fa | 7 | |||
Quinte juste | sol | consonance forte | quarte | 7 | |
Sixte diminuée | la | 7 | |||
Quinte augmentée | sol | 8 | |||
Sixte mineure | la | consonance douce | tierce | 8 | |
Septième sous-diminuée | si | 8 | |||
Quinte suraugmentée | sol | 9 | |||
Sixte majeure | la | consonance douce | tierce | 9 | |
Septième diminuée | si | 9 | |||
Sixte augmentée | la | 10 | |||
Septième mineure | si | dissonance | seconde | 10 | |
Octave sous-diminuée | do | 10 | |||
Sixte suraugmentée | la | 11 | |||
Septième majeure | si | dissonance | seconde | 11 | |
Octave diminuée | do | 11 | |||
Septième augmentée | si | 12 | |||
Octave juste | do | consonance | unisson | 12 | |
Septième suraugmentée | si | 13 | |||
Octave augmentée | do | 13 | |||
Octave suraugmentée | do | 14 |
La transposition d'un intervalle est le déplacement de celui-ci en hauteur — au moyen des altérations sans modification de son étendue exacte.
Si un demi-ton chromatique est ajouté, ou bien, retranché, aux deux notes extrêmes d'un intervalle donné, le nom et le qualificatif de cet intervalle ne changent pas, en d'autres termes, les intervalles sont équivalents.
Par exemple, do-mi est une tierce majeure, mais do-mi, ou encore, do-mi, sont aussi des tierces majeures ; fa-si est une quarte juste, mais fa-si, ou encore, fa-si, sont aussi des quartes justes ; etc.